Corrigé du second DS

1.  Eléments méthodologiques

2.  Texte support

[…] Attendre, après deux cents ans !
Attendre, comme si la peine de mort ou la guillotine était un fruit qu'on devrait laisser mûrir avant de le cueillir !
Attendre ? Nous savons bien en vérité que la cause était la crainte de l'opinion publique. D'ailleurs, certains vous diront, mesdames, messieurs les députés, qu'en votant l'abolition vous méconnaîtriez les règles de la démocratie parce que vous ignoreriez l'opinion publique. Il n'en est rien.
Nul plus que vous, à l'instant du vote sur l'abolition, ne respectera la loi fondamentale de la démocratie.
Je me réfère non pas seulement à cette conception selon laquelle le Parlement est, suivant l'image employée par un grand Anglais, un phare qui ouvre la voie de l'ombre pour le pays, mais simplement à la loi fondamentale de la démocratie qui est la volonté du suffrage universel et, pour les élus, le respect du suffrage universel.
Or, à deux reprises, la question a été directement – j'y insiste – posée devant l'opinion publique.
Le Président de la République a fait connaître à tous, non seulement son sentiment personnel, son aversion pour la peine de mort, mais aussi, très clairement, sa volonté de demander au Gouvernement de saisir le Parlement d'une demande d'abolition, s'il était élu. Le pays lui a répondu : oui.
[…]
M. le garde des sceaux. Le plus haut magistrat de France, M. Aydalot, au terme d'une longue carrière tout entière consacrée a la justice et, pour la plupart de son activité, au parquet, disait qu'à la mesure de sa hasardeuse application, la peine de mort lui était devenue, à lui magistrat, insupportable. Parce qu'aucun homme n'est totalement responsable, parce qu'aucune justice ne peut être absolument infaillible, la peine de mort est moralement inacceptable. Pour ceux d'entre nous qui croient en Dieu, lui seul a le pouvoir de choisir l'heure de notre mort. Pour tous les abolitionnistes, il est impossible de reconnaître à la justice des hommes ce pouvoir de mort parce qu'ils savent qu'elle est faillible.
Le choix qui s'offre à vos consciences est donc clair : ou notre société refuse une justice qui tue et accepte d'assumer, au nom de ses valeurs fondamentales – celles qui l'ont faite grande et respectée entre toutes – la vie de ceux qui font horreur, déments ou criminels ou les deux à la fois, et c'est le choix de l'abolition ; ou cette société croit, en dépit de l'expérience des siècles, faire disparaître le crime avec le criminel, et c'est l'élimination.
Cette justice d'élimination cette justice d'angoisse et de mort, décidée avec sa marge de hasard, nous la refusons. Nous la refusons parce qu'elle est pour nous l'anti-justice, parce qu'elle est la passion et la peur triomphant de la raison et de l'humanité.
[…]
Demain, grâce à vous, la justice française ne sera plus une justice qui tue. Demain, grâce à vous, il n’y aura plus, pour notre honte commune, d’exécutions furtives, à l’aube, sous le dais noir, dans les prisons françaises. Demain, les pages sanglantes de notre justice seront tournées.
À cet instant plus qu'à aucun autre, j'ai le sentiment d'assumer mon ministère, au sens ancien, au sens noble, le plus noble qui soit, c'est-à-dire au sens de « service ». Demain, vous voterez l'abolition de la peine de mort. Législateur français, de tout mon cœur, je vous en remercie. (Applaudissements sur les bancs des socialistes et des communistes et sur quelques bancs du rassemblement pour la République et de l'union pour la démocratie française Les députés socialistes et quelques députés communistes se lèvent et applaudissent longuement.)

Robert BADINTER, Discours à l'Assemblé nationale
« L'abolition de la peine de mort » (extraits), 17 septembre 1981

3.  Questions de compréhension

  1. A qui renvoie le pronom « nous » au long du discours ? Inclut-il toujours l'auditoire ? (2 points et pas plus de 5 lignes) (10 minutes)

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  1. Quelles expressions marquent l'engagement du garde des sceaux en faveur de l'abolition de la peine de mort ? Vous justifierez en argumentant votre réponse en 10-12 lignes maximum avec des exemples précis du texte. (attention à la paraphrase) (4 points) (15 minutes)

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  1. Quelle est la valeur du futur de l'indicatif à la fin du texte ? Expliquez votre réponse en mobilisant vos connaissances grammaticales pour chercher à donner du sens. (2 points et pas plus de 5 lignes) (10 minutes)

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  1. Reformulez (avec vos mots) les arguments majeurs du texte et expliquez d'où vient leur force ? Votre réponse sera rédigée et organisée en paragraphes ; elle fera au plus une quinzaine de lignes. (5 points) (25 minutes)

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4.  Travail d'écriture

Vous développerez 2 paragraphes argumentés dans lesquels un opposant à M. Badinter développe une réflexion contre la suppression de la peine de mort.
Vous utiliserez des arguments de nature différente et un style oratoire pour un discours à l'Assemblée nationale,
Votre réponse ne dépassera pas les 30 lignes. (7 points) (1 heure)
Bon courage !

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Webmestre : Stéphane FONTAINE - Lycée Germaine Tillion - Montbéliard