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Titre Paul et Virginie
Auteur Bernardin de Saint-Pierre

Edition © Livre de poche, Librairie générale française, 1984 - [ Première publication en 1788 ]

Genre Roman
Registre Tragique

Personnages principaux # Paul
# Virginie
# Mme de La Tour
# Margueritte

Appréciation personnelle
Critique - Analyses





Paul
et Virginie est un roman pastoral. Le roman pastoral est un
genre littéraire issu du XVIe siècle et mettant en scène, dans un
décor idyllique, bergers et bergères. Ces romans se concluent sur
la consécration de l’amour des personnages mis en scène. De
nombreux récits datant du XVIIIe siècle mettent en scène les
amours tragiques de jeunes gens. Mais ce qui diffère du genre de la
pastorale jusqu’alors connu, c’est que ces histoires se déroulent
dans de nouveaux décors : aux jardins antiques se substituent
des mondes désormais bien réels. Lorsque Bernardin de Saint-Pierre
rédige ce roman, il obéit bien aux contraintes formelles du genre
qui exige un style simple, mais substitue à l’amour idyllique, un
amour malheureux.


Ce
roman est constitué principalement de quatre thèmes :
l’harmonie des êtres et de la nature, l’exotisme et le mythe des
enfants de la nature, une société parfaite en miniature et enfin,
un plaidoyer de la vie en retrait. Il est précurseur du genre
romantique
.


Par sa
prose sensitive, l’auteur décrit toutes les sensations visuelles,
auditives, olfactives, tactiles et gustatives
qui forment de
véritables expressions vibratiles. Cela annonce le verbe romantique
qui consacre l’épanchement du moi et qui magnifie les émois.


Ce
roman oppose les vertus de la vie champêtre à la corruption
sociale.
Cette corruption sociale est dénoncée par le narrateur à
travers les récits sur l’esclavage, réellement pratiqué dans
l’île de France, et incarnée, en métropole, par la tante de
Virginie. La jeune fille, envoyée en France pour y construire un
avenir à la hauteur de sa naissance, ne parvient pas à adhérer aux
principes éducatifs de cette femme rigide et intéressée. Virginie,
hostile aux mœurs qui lui sont imposées, préfère retourner sur sa
terre natale. Le retour de Virginie est un choix : celui de
l’état de nature qui l’emporte, chez la jeune fille, sur l’état
de culture. Mais Bernardin de Saint-Pierre, conscient des limites de
cette nouvelle utopie, choisit à son tour d’y mettre fin par un
dénouement tragique. Cette dimension tragique n’est autre qu’un
dénouement miroir du pessimisme existentiel de Bernardin de
Saint-Pierre.


D’autre
part, ce résultat fatal marque le point d'un aboutissement
littéraire et témoigne d’une évolution qui, depuis l’abbé
Prévost, s’efforce de substituer à l'esthétique classique, une
esthétique dont la sensibilité est l'élément essentiel.


En
effet, Virginie est une jeune femme« innocente », comme
le suggère son prénom dont l’étymologie signifie « vierge »
en latin, et « parfaite ». Elle est de toute beauté.
Douce, candide et prude, elle crée une fascination de tous ses
proches. Arrivant à l’adolescence, son éternel calme est troublée
elle réalise son amour pour Paul et en est clairement tourmentée ;
son comportement s’en ressent. Pleine de principes, elle préfère
mourir en ce nom que de rompre avec ses croyances. Cela causera sa
mort, lorsqu’elle refusera de se déshabiller devant un marin qui
tente de la sauver.


Aussi,
Paul est un personnage plein de principes, innocent et candide. Il
agit tel un personnage biblique : au service des autres.
D’apparence calme, il canalise son énergie et se dépense en
aidant ses proches. Il est plus immature que son amie Virginie :
il ne réalise pas ses sentiments d’amour pour elle. C’est au
départ de son amie qu’il dévoile réellement sa forte et sensible
personnalité : il explose de colère et plonge dans une
dépression.


 


 



Résumé


L’histoire
est d’abord celle de deux françaises, Mme Latour, devenue
récemment veuve d’un aristocrate libertin, et de Margueritte,
paysanne séduite puis abandonnée à son triste sort. Fuyant la
métropole qui ne leur inspirait que trop de déshonneur, elles
vinrent retrouver leur liberté et se cacher dans ce petit paradis,
loin de tous.


Vers
1726, elles mettent toutes deux au monde un enfant. Mme de la Tour
accouche de Virginie et Margueritte de Paul. Dépourvues de
ressources, elles sont aidées par un couple de gens locaux, Marie et
Dominique, qui les aident à cultiver la terre pour en tirer les
meilleures ressources. Unies dans leur détresse et leur pauvreté,
les deux femmes rassemblent leurs forces et les deux enfants sont
élevés côte à côte. Privés d’amour paternel, les deux petits
grandissent comme frère et sœur, et se remplissent de sentiments
plus tendres que ceux d’être chacun fils et fille de chacune des
deux femmes. Rien ne semble manquer à ce bonheur qui grandit et
s’épanouit de jour en jour.


Mais,
arrivée à l' adolescence, Virginie est rongée par un mal inconnu.
Elle est tourmentée et mal dans sa peau. Muette, silencieuse, elle
est pourtant bien amoureuse de Paul, celui dont elle est presque
jumelle, celui à qui elle est presque liée par les liens du sang.
Déchirée par cette souffrance indicible, elle s’éloigne de Paul.
Mais cet amour tacite, Paul ne le comprendra que trop tard.


En
effet, le destin de la jeune fille est déjà en marche. Un peu plus
tôt, sa mère avait reçu une lettre d’une tante restée en
France, dans laquelle elle lui demande de rapatrier Virginie en
France, là où elle recevra une bonne éducation, un parti à la
cours, et la donation de tous ses biens. Toute réflexion faite, Mme
de La Tour accepte, admettant que sa fille y trouvera un avenir plus
confortable. C'est le destin, incarné sous les traits du gouverneur
de l’île qui envoie un prêtre auprès des deux femmes, qui mènera
Virginie au départ.


C’est
ainsi qu’une nuit, Virginie fut emmenée par ce gouverneur en
direction de la France. Sans avoir pu faire ses adieux à Paul, la
situation est douloureuse. À l’annonce de la nouvelle, celui-ci
laisse éclater sa douleur et ses plaintes de désespoir résonnent à
travers la péninsule. Dans l’espoir de pouvoir encore garder
quelques bribes de contact avec l’exilée, il apprend à lire et à
écrire, et chercha à comprendre la géographie, les us et coutumes
de ce pays où séjournerait désormais sa bien-aimée.


De son
côté, la jeune fille souffre également de l’absence de Paul. À
des kilomètres du lieu où elle a toujours vécu, elle ne parvient
pas à s’adapter aux frasques de cette nouvelle vie européenne et
est loin de se réjouir de la fortune que sa tante désire lui
léguer. Pendant près d’un an, qui leur parut interminable, les
contacts entre les deux jeunes furent impossibles. Paul reste
inconsolable et s’évade, via la lecture qu’il maitrise
désormais, dans les romans modernes, ventant les joies et coutumes
de la vie métropolitaine. Malgré la richesse qui l’entoure, son
nouveau titre de noblesse (elle est devenue comtesse), le luxe,
Virginie ne parvient pas à atténuer la douleur de la perte de son
ami. Un jour, par un subtil subterfuge, Virginie arrive à écrire
une lettre à sa mère. À sa lecture, Mme de La Tour s’effondre en
comprenant le désespoir de sa fille. Mais les entreprises de la
grand-tante de Virginie vont encore plus loin et elle décide de la
marier à un homme de bon parti. Refusant, la jeune fille préfère
être déshéritée et ne pense plus qu’à une seule chose :
retrouver l’homme qu’elle aime et retourner sur l’île.


Ainsi
se passèrent les choses et le retour fut décidé. Embarquée à
bord du Saint-Géran, le voyage semble se passer sans encombre. Mais
à l’approche de l’île, le bateau est pris dans une tempête et
fait naufrage. Ne prenant pas les précautions nécessaires à sa
survie en ne voulant pas ôter ses habits, la jeune fille se laisse
emporter par les flots et se noie, sous les yeux ébahis de Paul
resté sur le rivage, prêt à l’accueillir. Le vieillard, resté
aux cotés de Paul, tentera de le consoler, en vain. Sous le poids de
la douleur et de son amour à tout jamais évanoui, il succombe
rapidement à ses souffrances. Peu de temps après, les deux mères
décèdent.


 



Extrait choisi
et justification

"Pour ces deux amies, elles filaient du matin au soir du coton. Ce
travail suffisait à leur entretien et à celui de leurs familles;
mais d'ailleurs elles étaient si dépourvues de commodités
étrangères qu'elles marchaient nu-pieds dans leur habitation, et ne
portaient de souliers que pour aller le dimanche de grand matin à la
messe à l'église des Pamplemousses que vous voyez là-bas. Il y a
cependant bien plus loin qu'au Port Louis; mais elles se rendaient
rarement à la ville, de peur d'y être méprisées, parce qu'elles
étaient vêtues de grosse toile bleue du Bengale comme des esclaves.
Après tout, la considération publique vaut-elle le bonheur
domestique? Si ces dames avaient un peu à souffrir au-dehors, elles
rentraient chez elles avec d'autant plus de plaisir. A peine Marie et
Domingue les apercevaient de cette hauteur sur le chemin des
Pamplemousses, qu'ils accouraient jusqu'au bas de la montagne pour
les aider à la remonter. Elles lisaient dans les yeux de leurs
esclaves la joie qu'ils avaient de les revoir. Elles trouvaient chez
elles la propreté, la liberté, des biens qu'elles ne devaient qu'à
leurs propres travaux, et des serviteurs pleins de zèle et
d'affection. Elles-mêmes, unies par les mêmes besoins, ayant
éprouvé des maux presque semblables, se donnant les doux noms
d'amie, de compagne et de soeur, n'avaient qu'une volonté, qu'un
intérêt, qu'une table. Tout entre elles était commun."



Les deux personnes sont présentées seulement par le pronom
personnel « elles », qui est le sujet de la plupart des
verbes. L’emploi de ce pronom ne fait aucune distinction entre les
deux femmes et insiste au contraire sur leur union. On ne voit jamais
dans le texte de sujet au singulier qui individualiserait l’action
d’une des deux femmes. Elles agissent toujours ensemble avec une
parfaite maîtrise des choses. D’où les nombreux rythmes ternaires
qui donnent une impression d’équilibre parfait, en concordance
avec l’harmonie qui règne entre les jeunes femmes. Exemple avec
cette phrase longue et bien rythmée :


« Elles-mêmes, unies par les mêmes besoins, ayant éprouvé…
semblables, se donnant les doux noms d’amie, de compagne et de
sœur, n’avaient qu’une volonté, qu’un intérêt, qu’une
table. »


Chaque groupe du premier rythme ternaire comporte lui-même trois
accents. La répétition du rythme ternaire jusqu’à la fin de la
phrase marque la perfection des relations. La phrase suivante crée
un effet de chute rythmique : « Tout entre elles était
commun ». La phrase est beaucoup plus courte : elle
représente une sorte de résumé de ce qui a été dit.


On remarque que le bonheur est à l’écart de la société. Les
deux femmes vivent isolées : « elles se rendaient
rarement à la ville », et sont éloignées des soucis de
considération publique » et de tout ce qui représente la
vanité.


Aussi, leur vie est simple et leur confort tout à fait
rudimentaire : le bonheur n’est pas fondé sur le luxe, mais
sur le dénuement. Certaines expressions du texte insistent sur la
modestie de leur vie : « suffisait… dépourvues… ».
Leur tenue vestimentaire est comparée à celle d’esclaves :
« vêtue de grosse toile bleue du Bengale comme des esclaves »,
et elles marchent « nu pieds » dans leur maison.


On distingue que leur bonheur est fondée sur la religion :
« pour aller le dimanche de grand matin à la messe de l’église
des Pamplemousses ». Elle a pour but de rétablir l’ordre. Il
s’appuie sur le travail, principale occupation des deux femmes :
« elles filaient du matin au soir du coton. Ce travail
suffisait à leur entretien et à celui de leurs familles ».
Plus loin, on lit qu’« elles trouvaient chez elles la
propreté, la liberté, des biens qu’elles ne devaient qu’à
leurs propres travaux. ». Elles tirent donc bénéfice
elles-mêmes de leurs efforts.


décrire et analyser sont 2 étapes différentes => et alors ?


 



Ressource Web http://www.lettres.ac-versailles.fr/spip.php?article605

Document créé le 22/03/2010
par Elodie TISSIER




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Dernière modification le 25/01/2009 - 18:31

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