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Mercredi 24 Avril 2024 , il est 22:6.

Fiche validée : elle va être affichée sur la zone de consultation publique. Bravo !!

Titre La religieuse
Auteur Diderot

Edition © J'ai lus et écouté ce livre sur internet - [ Première publication en 1796 ]

Genre Roman
Registre Tragique

Personnages principaux # Suzanne Simonin
# madame de moni
# sainte christine
# soeure ursule

Appréciation personnelle
Critique - Analyses


Pas de note précisée.


La Religieuse est un roman sous forme de mémoires écrit par Denis Diderot (1713-1784). Il paraît pour la première fois dans la Correspondance littéraire de 1780 à 1782, avant


Un "je" qui écrit : le point de vue dominant est celui de la souffrance, accentuation de l'émotion.


Narration rétrospective : le roman-mémoires tend même à devenir un journal intime où les scènes sont souvent répétitives, malgré une fréquente gradation dans la souffrance. 


Les personnages


Ÿ Marie Suzanne, l’héroïne et narratrice : jeune fille qui possède de multiples qualités : elle sait chanter et jouer du clavecin, elle est intelligente, pleine de bonté et généreuse. C’est aussi une jeune fille très déterminée qui ne supporte pas d’être enfermée dans une condition qui n’est pas faite pour elle.


Ÿ M. Manouri, son avocat : il est pendant longtemps le seul contact de Marie Suzanne avec l’extérieur, sa seule chance de s’échapper. Il se bat pour elle, fait publié des mémoires et organise des procès pour tenter de la sortir du couvent. Mais il va échouer et son personnage disparaît peu à peu à la fin du récit.


Ÿ Les parents : le père de l’héroïne (avocat) ne semble pas aimer sa fille, il est violent et autoritaire. La mère de Marie Suzanne ne peut regarder sa fille sans qu’elle lui rappelle son infidélité. C’est pourquoi elle veut l’envoyer au couvent, décision qui la soulage car elle permet de réparer sa faute.


Ÿ Mme de Moni : elle est la première supérieure de Marie Suzanne. C’est une femme douce, gentille, humaine et compréhensive qui prend très vite la jeune fille en affection. C’est la seule des supérieures qui comprendra Marie Suzanne et essayera de l’aider à s’échapper du couvent. Son décès peinera beaucoup Marie Suzanne.


ŸSœur Sainte-Christine : elle succède à Mme de Moni et engendre un changement brutal dans les habitudes du couvent. En effet, elle est cruelle, plébiscite les mortifications corporelles et fait subir de terribles sévices à Marie Suzanne lorsque celle-ci annonce son intention de rompre ses vœux.


ŸSœur Ursule : elle est la seule véritable amie de Marie-Suzanne et c’est elle qui cache son mémoire puis le fait passer à l’extérieur. Elle est fidèle et dévouée à l’héroïne et l’aide à surmonter les épreuves que lui font endurer les autres religieuses. Elle reste au chevet de Marie Suzanne tout au long de sa maladie puis tombe elle même malade et décède peu après la guérison de l’héroïne, causant un gros chagrin à cette dernière.


Ÿ La dernière supérieure de Marie Suzanne : cette femme très lunatique tombe souvent en adoration devant une jeune et belle sœur puis la délaisse lorsqu’une nouvelle entre au couvent. C’est ainsi qu’elle se met à vénérer l’héroïne lorsque celle-ci entre au couvent. Elle semble asses perverse et vicieuse et est mal vue par ses supérieurs qui l’accusent de corrompre les jeunes religieuses. Elle devient folle lorsque Marie Suzanne se détourne d’elle pour échapper à l’intérêt qu’elle lui porte et décède à la fin de l’histoire.


 


Les thèmes


Les thèmes les plus évoqués sont :


-la vie au couvent,


-le quotidien des religieuses,


-l’enfermement,


-la solitude,


-la folie,


-le désespoir et l’incompréhension.


 La débauche et le pervertissement des valeurs morales et sociales sont également des thèmes important de ce roman. 


L’originalité du roman


La description aussi précise et franche de la vie religieuse est assez originale, d’autant plus que Diderot montre le côté négatif des couvents avec toutes les perversions qu’il comporte.


Mais surtout, c’est l’évocation de l’attirance sexuelle que semble éprouver la dernière supérieure pour ses religieuses qui rend ce récit original. En effet, l’auteur fait preuve d’audace puisqu’il dépeint les religieuses non pas comme des êtres pures et innocentes mais comme des femmes envahies par leurs désirs


 


La Religieuse développe une critique très forte des institutions religieuses contraignantes  pour l’individu.


Les éléments de dénonciation portent sur plusieurs points :


- sur le plan social, Diderot dénonce le fait que des enfants illégitimes doivent payer pour la faute de leurs pères, au nom du code moral de l’époque et pour des raisons de patrimoine.


- sur le plan religieux, le philosophe s’insurge contre des pratiques de couvent contraires à l’Evangile.


Il dénonce alors la dégradation, la cruauté, les violences de plusieurs types, les dérives vers le suicide et la folie.


Toutefois, l’œuvre n’est pas antichrétienne, loin de là. Suzanne est une croyante sincère, et c’est en réalité ce qu’il considère comme la véritable foi chrétienne que Diderot défend ici.


Il s’attaque donc à la perversion des sentiments religieux purs par des institutions de privation.


Cela peut surprendre de trouver certains passages particulièrement spirituels dans l’œuvre. Mais Diderot se met ici dans la peau d’un romancier bien plus que dans celle du philosophe.


Diderot montre que l’enfermement et l’isolement d’un être humain conduisent à le bouleverser tant physiquement que moralement. Par exemple les phénomènes comme l’homosexualité de la mère supérieure, ou encore les punitions cruelles du premier couvent. L’enfermement et ses conséquences sont pour Diderot la source de plusieurs troubles qui donnent l’être humain.


 


Il s'agit donc d'un roman qui s'adresse :


-à la raison : discours intégrés dans la narration rétrospective, nombreux dialogues, mais peu de passages vraiment philosophiques.


-à la sensibilité : esthétique expressionniste de Diderot (grandes scènes théâtrales destinées à provoquer la pitié du lecteur).


Ce livre est  intéressant car il nous montre la véritable vie des religieuses sans s’embarrasser des clichés. Il démystifie la religion et les sœurs qui y vivent. C’est un livre très audacieux pour l’époque car ces thèmes de la religion, de la perversité des religieuses et de l’homosexualité étaient évités car tabous.


Note ?



Résumé


Marie Suzanne Simonin est une jeune fille (de 16 ans au début de l’histoire) qui vit au tout début avec sa famille qui se compose de ses deux sœurs et de ses parents. Lorsque que ses sœurs sont en âges de se marier, on l’envoie au couvent pour des raisons financière. En effet cela évite de diviser la dot en trois parts.


Suzanne apprend que M.Simonin n’est pas son véritable père, et que sa mère veut réparer sa faute en envoyant cette fille illégitime, preuve de son adultère passé, loin de ses yeux.


Marie Suzanne sera obligé de prononcer ses vœux suite à son éducation.


Elle rencontre d’abord la supérieure Madame de Moni au couvent de Sainte-Marie à Longchamp.  Elle devient sa préférée, et éprouve de l’amitié et du respect pour cette femme croyante et dévouée. Mais celle-ci décède et est remplacée par une nouvelle supérieure, la mère Sainte-Christine.


Mais la jeune fille n’a pas la foi et ne supporte pas d’être enfermée dans un couvent, elle va donc tenter de rompre ses vœux. Elle vivra dans trois couvents différents et subira les pires humiliations et tortures de la part des autres religieuses qui n’admettent pas qu’elle n’ait pas la vocation.


Suzanne n’a qu’une alliée fidèle, Sœur Ursule, mais elle meurt et la laisse seule. Suzanne tombe malade et met du temps à se remettre. Son avocat, Monsieur Manouri, prend pitié d’elle et parvient à la faire transférer au couvent de Sainte-Eutrope.


Arrivée à Sainte-Eutrope, Suzanne Simonin rencontre sa nouvelle supérieure, qui va tenter par tous les moyens de séduire la jeune femme. Elle chérit et désire Suzanne très rapidement, elle qui avait déjà l’habitude des contacts physiques avec ses protégées.


Suzanne s’enfuit du couvent et se blesse. Elle vit dans la clandestinité, en tant que lingère à Paris. La vie y est dure mais elle est au moins : « mal nourrie, mal logée, mal couchée, mais en revanche traitée avec humanité ».


Le roman s’achève alors qu’elle espère que son mémoire incitera le marquis de Croismare à venir la sauver.




Extrait choisi
et justification


« Alors je devins rêveuse, je sentis mes répugnances se réveiller et s'accroître. Je les allais confier à la supérieure, ou à notre mère des novices. Ces femmes se vengent bien de l'ennui que vous leur portez : car il ne faut pas croire qu'elles s'amusent du rôle hypocrite qu'elles jouent, et des sottises qu'elles sont forcées de vous répéter ; cela devient à la fin si usé et si maussade pour elles ; mais elles s'y déterminent, et cela pour un millier d'écus qu'il en revient à leur maison. Voilà l'objet important pour lequel elles mentent toute leur vie, et préparent à de jeunes innocentes un désespoir de quarante, de cinquante années, et peut-être un malheur éternel ; car il est sûr, monsieur, que, sur cent religieuses qui meurent avant cinquante ans, il y en a cent tout juste de damnées, sans compter celles qui deviennent folles, stupides ou furieuses en attendant.


Il arriva un jour qu'il s'en échappa une de ces dernières de la cellule où on la tenait enfermée. Je la vis. Voilà l'époque de mon bonheur ou de mon malheur, selon, monsieur, la manière dont vous en userez avec moi. Je n'ai jamais rien vu de si hideux. Elle était échevelée et presque sans vêtement ; elle traînait des chaînes de fer ; ses yeux étaient égarés; elle s'arrachait les cheveux ; elle se frappait la poitrine avec les poings, elle courait, elle hurlait ; elle se chargeait elle-même, et les autres, des plus terribles imprécations ; elle cherchait une fenêtre pour se précipiter. La frayeur me saisit, je tremblai de tous mes membres, je vis mon sort dans celui de cette infortunée, et sur le champ il fut décidé, dans mon cœur, que je mourrais mille fois plutôt que de m'y exposer. On pressentit l'effet que cet événement pourrait faire sur mon esprit ; on crut devoir le prévenir. On me dit de cette religieuse je ne sais combien de mensonges ridicules qui se contredisaient : qu'elle avait déjà l'esprit dérangé quand on l'avait reçue ; qu'elle avait eu un grand effroi dans un temps critique ; qu'elle était devenue sujette à des visions ; qu'elle se croyait en commerce avec les anges ; qu'elle avait fait des lectures pernicieuses qui lui avait gâté l'esprit ; qu’elle avait entendu des novateurs d’une morale outrée, qui l’avaient si fort épouvantée des jugements de Dieu, que sa tête ébranlée en avait été renversée ; qu'elle ne voyait plus que des démons, l'enfer, des gouffres de feu ; qu'elles étaient bien malheureuses ; qu'il était inouï qu'il y eût jamais eu un pareil sujet dans la maison; que sais-je encore quoi ? Cela ne prit point auprès de moi. A tout moment ma religieuse folle me revenait à l'esprit, et je renouvelais le serment de ne faire aucun vœu. » 


Cet extrait montre bien que les religieuses ne sont pas toute parfaites, l’erreur est humaine. Il montre aussi que les religieuses son capables de faire pour l’argent. Des tortures, des acharnements… Selon elles ces tortures seraient justifiées et méritées.


Justification à argumenter davantage.



Ressource Web

Document créé le 22/03/2010
par Alexandra VERRIER




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Dernière modification le 25/01/2009 - 18:31

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