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Dimanche 6 Juillet 2025 , il est 16:55.

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Titre Paul et Virginie
Auteur Bernardin de St Pierre

Edition © Livre de poche ,Librairie générale france, 1984 - [ Première publication en 1787 ]

Genre Roman
Registre Pathétique

Personnages principaux # Paul
# Virginie
# Marguerite
# Mme de la Tour

Appréciation personnelle
Critique - Analyses


Pas de note précisée.

Paul et Virginie décrit avec force les sentiments amoureux et la nostalgie du paradis perdu. Au-delà du cadre exotique et de la description d'une société idyllique.


Ce petit roman ,malgré ses opinions philosophiques datées et plutôt simplistes (bonté sans faille de la nature, et son équivalence avec vertu et bonheur),  a su toucher quelque chose d’essentiel dans la sensibilité collective : une nostalgie du bonheur pastoral, un rêve d’enfance prolongée dans une nature bienveillante.


Les deux prénoms semblent assez fortement connotés où l'on peut y voir des allusions à la religion, à la mythologie ou à l’Antiquité. Il y a une  impression de pureté, d’innocence, de chasteté et de sacrifice personnel qui se dégage du personnage de Virginie et qui annonce la fin du roman.


Grâce aux caractéristiques essentielles du discours descriptif et celle du discours narratif on peut savoir qui raconte et qui voit . L'histoire ne commence vraiment que lorsque le vieillard prend la parole.


L’étude des divers champs lexicaux, des indices de l’énonciation, nous permet d’aboutir à la notion d’horizon d’attente que l’on montre comme une des fonctions de l’incipit. De plus, les différentes étapes narratives permettent de mettre en valeur la structure enchâssée du récit. Dans les deux portraits, c’est l’aspect physique, le regard notamment, qui est valorisé : les prémices de la féminité chez l’une, de la virilité chez l’autre.



 



La disparition de Virginie, emblème de vertu et d’harmonie, ruine par nécessité l’idéal évoqué par Bernardin de Saint Pierre. Mais elle le pose surtout définitivement comme une utopie, et annonce d’une certaine manière un état d’esprit qui se rapproche de celui du XIXème siècle .Sans Virginie, les autres personnages -mais aussi la nature- n’ont plus de raison « narrative » d’exister.


 


Partie à structurer et analyses à mettre en oeuvre ≠ décrire
note ? 



Résumé

 


C’est l’histoire de deux femmes françaises, Mme de la Tour et Marguerite qui habitent l’île de France – l’actuelle île Maurice. Mme de la Tour vient d’une famille riche et ancienne. Elle a épousé un homme qui appartenait une classe sociale qui ne convenait pas à la famille de la Tour. Celle-ci étant repoussée ,  elle et son mari partaient pour vivre ensemble dans l’océan Indien. Alors qu’elle est enceinte, son mari meurt en Inde. En revanche, Marguerite, d’une famille moins renommée, fuit la France par honte : Elle s’est retrouvée enceinte d’un gentilhomme qui lui avait promis le mariage et qui l’a refusée après. Ces deux femmes se rencontrent sur cette île et décident de vivre ensemble, chacune dans sa maison construite par le narrateur, mais l’une à côté de l’autre.


 


 


Mme de la Tour met au monde une fille, Virginie, et Marguerite, un fils qui prend le nom Paul. Ces deux enfants grandissent ensemble et leurs mères ont convenu de leur mariage lorsqu’ils seront en âge de se marier. Mais les mères estiment nécessaire que Paul et Virginie aient une fortune ou un revenu leur assurant leur existence. Un jour, une tante de Mme de la Tour invite Virginie à venir chez elle en France pour lui donner une éducation mondaine et lui léguer sa fortune car elle était très malade. Paul et Virginie sont accablés de douleur en face de cette séparation, mais Virginie obéit et part en France. Pendant les années de séparation, Paul est désespéré de la voir revenir, et Virginie rêve de retrouver la vie simple et heureuse de l’île de France. Le temps de son retour est venu. En arrivant devant la côte de l’île, le bateau qui ramène Virginie coule et elle meurt noyée. Peu de temps après, le chagrin tue aussi Paul et les deux femmes.


 



Extrait choisi
et justification

"Tout l’équipage, désespérant alors de son salut, se précipitait en foule à la mer, sur des vergues, des planches, des cages à poules, des tables, et des tonneaux. On vit alors un objet digne d’une éternelle pitié : une jeune demoiselle parut dans la galerie de la poupe du Saint-Géran, tendant les bras vers celui qui faisait tant d’efforts pour la joindre. C’était Virginie. Elle avait reconnu son amant à son intrépidité. La vue de cette aimable personne, exposée à un si terrible danger, nous remplit de douleur et de désespoir.


Pour Virginie, d’un port noble et assuré, elle nous faisait signe de la main, comme nous disant un éternel adieu. Tous les matelots s’étaient jetés à la mer. Il n’en restait plus qu’un sur le pont, qui était tout nu et nerveux comme Hercule. Il s’approcha de Virginie avec respect : nous le vîmes se jeter à ses genoux, et s’efforcer même de lui ôter ses habits ; mais elle, le repoussant avec dignité, détourna de lui sa vue. On entendit aussitôt ces cris redoublés des spectateurs : "Sauvez-la, sauvez-la ; ne la quittez pas!" Mais dans ce moment une montagne d’eau d’une effroyable grandeur s’engouffra entre l’île d’Ambre et la côte, et s’avança en rugissant vers le vaisseau, qu’elle menaçait de ses flancs noirs et de ses sommets écumants. À cette terrible vue le matelot s’élança seul à la mer ; et Virginie, voyant la mort inévitable, posa une main sur ses habits, l’autre sur son cœur, et levant en haut des yeux sereins, parut un ange qui prend son vol vers les cieux.


[...]


Cependant on avait mis Paul, qui commençait à reprendre ses sens, dans une maison voisine, jusqu’à ce qu’il fût en état d’être transporté à son habitation. Pour moi, je m’en revins avec Domingue, afin de préparer la mère de Virginie et son amie à ce désastreux événement. Quand nous fûmes à l’entrée du vallon de la Rivière des Lataniers, des Noirs nous dirent que la mer jetait beaucoup de débris du vaisseau dans la baie vis-à-vis. Nous y descendîmes ; et un des premiers objets que j’aperçus sur le rivage fut le corps de Virginie. Elle était à moitié couverte de sable, dans l’attitude où nous l’avions vue périr. Ses traits n’étaient point sensiblement altérés. Ses yeux étaient fermés ; mais la sérénité était encore sur son front : seulement les pâles violettes de la mort se confondaient sur ses joues avec les roses de la pudeur. Une de ses mains était sur ses habits, et l’autre, qu’elle appuyait sur son cœur, était fortement fermée et roidie. J’en dégageai avec peine une petite boîte : mais quelle fut ma surprise lorsque je vis que c’était le portrait de Paul, qu’elle lui avait promis de ne jamais abandonner tant qu’elle vivrait ! À cette dernière marque de la constance et de l’amour de cette fille infortunée, je pleurai amèrement. Pour Domingue, il se frappait la poitrine, et perçait l’air de ses cris douloureux. Nous portâmes le corps de Virginie dans une cabane de pêcheurs, où nous le donnâmes à garder à de pauvres femmes malabares, qui prirent soin de le laver."


 



J' ai choisi cet extrait car c'est une scène très émouvante. Après toutes années séparés, les jeunes amoureux n'ont pas pu se retrouver comme ils l'ésperaient, la mort les a ratrappé!


La scène se vide, le vaisseau est déserté et l’apparition de Virginie n’en est que plus poignante : « On vit alors un objet digne d’une éternelle pitié : une jeune demoiselle parut dans la galerie de la poupe du Saint-Géran, tendant les bras vers celui qui faisait tant d’efforts pour la joindre. C’était Virginie. » Le passé simple marque le changement d’optique : le verbe de perception (« vit ») insiste sur le côté spectaculaire de la scène qui est caractérisée par l’expression « éternelle pitié », un des ressorts du pathétique et du tragique. La gestuelle de Virginie est extrêmement expressive : elle tend d’abord les bras vers Paul offrant le tableau émouvant d’une amoureuse tragique, puis, apercevant les spectateurs de l’île, elle leur fait signe de la main. Ainsi la jeune fille digne et bien éduquée l’emporte sur l’amoureuse éperdue. La scène est théâtrale et le regard du lecteur est confondu dans celui des habitants de l’île qui, sur le rivage, assistent à l’apparition de Virginie sur le pont du bateau en train de sombrer. Une dernière chance était donnée à Virginie de survivre au naufrage pourvu qu’elle se déleste de sa lourde parure mondaine et qu’elle retrouve l’état de nature. Son retour et ses retrouvailles avec Paul et ses amis auraient alors été une fête mais, son éducation noble a aboutit toute sa simplicité.


On assiste alors à la dernière posture de Virginie. La pose immobile de la jeune fille réunit les trois aspects féminins qu’elle incarne : la main sur ses habits fait référence à son personnage social, la main sur le cœur à son rôle d’amoureuse idéaliste et les yeux vers le ciel, à la sainte chrétienne prête à se sacrifier, c’est-à-dire à une martyre. La mort de Virginie est suggérée par cette posture finale symbolique. On ne peut s’empêcher de remarquer l’insistance sur le fait que Virginie ait refusé de se dévêtir et cette précision nous renvoie à la connotation charnelle .


 


 



Ressource Web http://www.alalettre.com/saint-pierre-oeuvres-paul-et-virginie.php

Document créé le 22/03/2010
par Mélissa ULBEGI




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Dernière modification le 25/01/2009 - 18:31

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